Frédéric Le Marcis : Anthropologue, Pr à l’ENS de Lyon, Directeur de Recherche en accueil à l’IRD (UMI TransVIHMI), affecté au CERFIG (Conakry, République de Guinée)
communication au séminaire« Les petits déjeuners du CERFIG »Salle de séminaire Vendredi 27 septembre 2019 8h00 – 10h00
La santé en prison sur le continent africain reste un parent pauvre du système carcéral. Les infirmeries des établissements pénitentiaires, quand elles existent, sont rarement intégrées dans les faits au système sanitaire (alors qu’elles y sont officiellement rattachées). Les administrations pourvoient peu aux besoins vitaux des détenus. Les carences alimentaires sont fréquentes, les maladies de peau récurrentes et les détenus dépendent le plus souvent des moyens financiers de leurs familles ou d’ONG lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins, a fortiori hors de leur lieu de détention. L’illégitimité sociale de la population des détenus et la réticence des États à proposer aux condamnés ce qu’il ne garantit pas à la population générale sont deux arguments mis en avant pour justifier ce qui s’apparente à une nécropolitique. Parallèlement, les acteurs internationaux intervenants en prison ciblent essentiellement les pathologies à potentiel épidémique, contraints par des sources de financement (UNAIDS, Fonds Mondial) soutenant des stratégies de santé à l’échelle populationnelle.
On voudrait dans cette communication revenir sur ces deux logiques et développer un argument pour une approche décloisonnée de la santé en prison. Au-delà de la reconnaissance de l’expérience sanitaire individuelle et du souci épidémiologique, traiter globalement de la santé en prison participe du rétablissement de la dignité et des droits du détenus par l’État, condition nécessaire à l’entretien de la citoyenneté par-delà l’enfermement.
Pr F. Le Marcis
Pr F. Le Marcis avec les participants
Pr Abdoulaye Touré, message de clôture